• Après le calme, la tempête. De nouveau les nuits se sont agitées, réveils intempestifs toutes les heures jusqu'à 3 ou 4 heures du matin, cris, pleurs, puis quelques heures de répits après le dernier biberon ... Journées sans siestes. Même le bain et les repas étaient devenus impossible. Il s'agitait dans tous les sens ; ses jambes, ses bras volaient et tournoyaient, son petit corps replet se tortillait. Fleur d'oranger ou verveine, homéopathie, tentatives de massage, bains, rien ne le calmait.


    Heureusement que mon ami ne travaillait plus car se lever toutes les heures entre onze heure du soir et cinq heures du matin, sachant que c'était l'heure à laquelle il fallait ensuite être d'attaque et hyperactif pour la journée entière, cela n'aurait pas été possible s'il avait continué son travail. Il s'occupait beaucoup de son fils, pour me décharger puisque c'était moi qui travaillait à ce moment là. Sans lui, sans les circonstances qui nous ont permis de travailler chacun notre tour, nous n'aurions pas réussi à nous en sortir.


    Le bonheur était pourtant enfin en route. Les babillages, les sourires et les rires, les mimiques incroyable que seuls les bébés savent faire, son envie de faire comme les grands et sa maladresse quand il nous imitait, puis ses petits succès, chaque instant nous donnait un peu de joie qui nous permettait de supporter les troubles du sommeil, les impatiences, les cris ... Et le regard des autres .... Terrible regards extérieurs qui ne comprennent pas notre fatigue, notre isolement, notre manque de patience parfois, et finalement notre découragment.

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    A six mois ce petit bout d'homme tenait assis, et découvrait les joies de se déplacer enfin seul dans son youpala, quelques minutes de répits par jour pour nous !


    A six mois il voulait boire dans un verre, pas dans un biberon. Il mangeait très bien et fruits exotiques (papayes, ananas), plus encore que le reste.


    A six mois il commençait à utiliser son pouce pour attraper les objets, et faire la pince de préhension comme on dit dans le jargon.


    Mais de nouveau, tout cela n'allait pas assez vite pour lui ; une fois qu'il s'est aperçu qu'il tenait bien assis, il a immédiatement cherché à se mettre debout, puis à marcher ... ne supportant pas qu'on le laisse plus de deux minutes en position assise, et hurlant si c'était le cas. Ainsi dès ses sept mois nous avons passé notre temps courbés en deux pour l'aider à faire ses premiers pas.


    Des heures à marcher, le dos courbé, des heures à marcher encore pour ne pas l'entendre hurler.


    L'autre solution pour le faire marcher sans trop nous fatiguer étant de le laisser se tenir à sa poussette qu'il emmenait partout, que nous devions diriger tout de même sans qu'il s'en aperçoive sinon il piquait de nouveau une colère car il voulait faire tout seul !

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    A sept mois il refusait de plus en plus purées et petits pots, voulant ce qu'il y avait dans notre assiette ! Nous avions honte de manger devant lui !


    Réunion oblige il a été rapidement initié au carri local ...avec les doigts ! morceaux de viandes et riz finissait tout rond dans son estomac !


    Avec la nourriture solide comme avec ses biberons c'était un glouton qui enfournait tout dans sa bouche et avalait sans même prendre le temps de mâcher. Combien de fois ai-je du le prendre par les pieds et le secouer pour faire ressortir un morceau qui était resté coincé ... Et ça ne servait jamais de leçon ! Encore aujourd'hui à deux ans et demi il faut surveiller, couper petit car il engloutit toujours aussi vite et il lui arrive encore régulièrement de s'étouffer. Combien de fois avons-nous répéter mâche ... mâche ... mâche ... C'était bien la peine d'avoir des dents aussi tôt, si ce n'est pas pour s'en servir !

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    A cette période notre situation proche de la mer fut un grand atout car il adorait la plage ce petit bonhomme, et il y passait des heures matin et soir qui lui permettait de se défouler. Il passait des heures à se balader sur la plage (avec notre patiente aide bien sur), intrigué par les enfants plus grands qui jouaient, intéressé par les gens qui le regardaient et lui souriaient, avide de connaissance et de nouveautés.


    Ca ne semblait pourtant pas particulièrement le fatiguer. Il dormait toujours très peu la journée même si les siestes étaient enfin plus faciles : il suffisait de l'endormir dans sa poussette et après nous pouvions enfin nous arrêter et nous reposer aussi car il arrivait à faire un cycle dans sa poussette immobile. Grande révolution pour nous ! Nous n'étions enfin plus obligés de marcher sans arrêt pour qu'il dorme ! Un vrai changement, un vrai espoir !

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  • Notre enfant a grandi. Plus il grandissait plus il voulait apprendre ; il n'en avait jamais assez ; il ne supportait toujours pas de dormir (le sommeil lui paraissait il être une perte de temps, un temps qui aurait pu servir à découvrir encore ?). Les siestes ressemblaient toujours à une lutte sans fin et surtout totalement inutile : 30 à 45 minutes de bercements, chansons, marche dans l'appartement pour 25 minutes de sieste et un réveil en hurlant dont nous mettions tous encore 30 minutes à nous remettre ... Que d'effort me direz vous ! Pourquoi tout ça pour ça ? Pourquoi l'obliger à faire la sieste ? Tout simplement parce que si nous ne le faisions pas dormir au moins quelques minutes nous ne savions plus que faire de lui : il pleurait, criait, s'énervait, s'agitait, sans pourtant jamais tomber dans le sommeil ... Nous n'avions donc souvent d'autre choix que de marcher, marcher encore, car dans la poussette il ne fallait en général pas plus de 5 minutes pour qu'il s'endorme ... Nous multiplions donc les balades dans la journée ... Et la nuit nous la passions régulièrement debout à chanter, bercer, rassurer, et recevoir des coups de pieds, entendre des cris que rien ne calmaient, nous retenant toujours de lui donner un biberon à chaque éveil car nous savions bien qu'un biberon le calmait et le rendormait.


    A quatre mois et demi il a mis sa première dent, la deuxième à cinq mois, les deux suivantes à 6 mois. Nous ne nous sommes jamais aperçu de rien quand ses dents poussaient, il pleurait autant que d'habitude ... Et pourtant ça change tout des dents, ça change le visage, il était si mignon avec ses deux petites dents en bas !


    A cinq mois nous avons commencé les séances de bébés nageurs en piscine extérieure à St Gilles. Il faisait sensation avec sa petite bouille barbouillée de crème solaire, dans sa combinaison lycra, comme les grands, et avec son bob sur la tête ... Il a aimé tout de suite ! Et ça l'a même fait dormir : deux heures de siestes après le premier cours ! Ca n'a marché qu'une fois ! Après le deuxième cours il n'a dormi que quinze minutes !


    Les nuits ont de nouveau été paisibles pendant un mois.


    Nous avons récupéré un peu nous aussi.


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  • Il y avait pourtant une fin à tout cela.


    Comme je le disais précédemment l'aide de mon ami et de ma famille, leur présence psychologique et physique, m'a beaucoup aidé ; les sorties que je me suis autorisées pour m'occuper de moi aussi ; et l'étape suivante a été de trouver une nounou pour quelques heures par semaine : un couple d'assistants maternels ont pris mon bébé trois heures deux fois par semaine, me laissant une liberté que j'avais peu à peu oubliée et qu'il m'a été difficile d'accepter au départ car je ne travaillais pas et culpabilisait de laisser mon enfant alors que j'étais à la maison. Mais cet espace de liberté s'est si vite révélé vital que j'ai oublié mes doutes. J'avais du mal au début à occuper ces quelques heures, ayant oublié que j'existait en dehors de mon enfant, et en profitais tout simplement pour me reposer, puis petit à petit j'ai recommencé à sortir, aller à la plage, lire, nager ... et cette liberté partiellement retrouvée m'a permis de prendre un peu plus de recul, et de retrouver quelques ressources pour affronter mon bébé quand je le retrouvais. Les nounous, eux, étaient un peu déroutés par ce petit garçon si agité et difficile à calmer, ils furent à leur tour impressionnés par les spasmes du sanglot d'un si petit homme, mais me soulagèrent pendant trois mois et me permirent de me retrouver.


    La dernière étape pour retrouver un état de vie plutôt que de survie fut de reprendre le travail. Je m'y remis alors qu'il avait 5 mois. Mon ami s'arrêta de travailler et me relaya un mois plus tard. Je quittais alors mon petit bonhomme quatre demi-journée par semaine, et je respirais enfin, mon moral revenais, et l'amour florissait car en dehors des accès de pleurs tu étais si mignon, si éveillé.


    J'avais retrouvé mon équilibre, et pourtant le bébé allait à peine mieux : les cris et les pleurs devenaient un peu moins fréquent mais occupaient tout de même la majeure partie de la journée encore ; et les nuits, après un mois de calme étaient de nouveau anarchiques et perturbées par de multiples éveils que nous avions du mal à juguler et gérer. Le laisser pleurer n'amenait à rien, le prendre non plus, les médicaments antidouleur que nous avions essayé au cas où ne donnaient rien non plus, ni les tisanes de fleur d'oranger ; quant aux massages dont on nous avait vanté les bienfaits, il les refusait comme tout autre contact, bougeait et hurlait pendant que nous essayions vainement de le détendre ... Il y avait bien une fin à la douleur morale que j'avais pu ressentir auparavant mais nous étions encore loin d'avoir tout compris, et si nous avions appris à gérer nos angoisses nous étions bien loin encore de maitriser les siennes.


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  • Il avait deux mois quand nous avons enfin pu prendre un repas à l'extérieur, dans un snack, sans qu'il se mette à hurler au bout de trente secondes d'arrêt. Auparavant j'avais essayé de boire un café au bar de la plage, ou boire un verre avec des copines en ville ... mais je ne pouvais pas rester assise plus de trente secondes ; les hurlements reprenaient le dessus et me forçaient à reprendre ma marche incessante. Ceci n'avait bien entendu pas facilité les contacts avec l'extérieur et les autres qui étaient pourtant nécessaire à mon moral. Il nous était plus facile d'aller au restaurant le soir car une fois endormi, les premières heures de sommeil étaient bonnes et nous permettaient de le transporter dans sa poussette et de diner pendant qu'il dormait paisiblement quelque soit le bruit autour de nous. Mais nous étions si épuisés que nous préférerions souvent profiter de ces heures calmes pour dormir nous aussi.


    Le bruit nous a traumatisé pendant les deux premiers mois, car non seulement le bébé s'endormait difficilement, dormait peu et mal, mais le moindre bruit le réveillait ; Au départ pourtant nous avions volontairement continué à vaquer à nos occupations pendant les siestes sans faire particulièrement cas du bruit que nous faisions pour l'habituer. Mais quand nous avions passé une heure à l'endormir et que dix minutes plus tard un bruit même minime, comme de faire la vaisselle dans la cuisine qui se trouvait à coté de la chambre, le réveillait et qu'il se remettait à hurler, nous avons décidé d'éviter tout bruit, tant pis si nous l'habituions au calme !! Alors nous débranchions le téléphone dès que nous essayions de l'endormir, pendant les siestes, et jusqu'à ce qu'il se réveille ; une fois qu'il était éveillé nous oublions de le rebrancher ... Et nous isolions donc encore un peu plus. Nous chuchotions, mettions des mots sur la porte d'entrée pour que les éventuels visiteurs ne sonnent pas, n'écoutions de la musique qu'en sourdine et généralement sa musique, car il aimait beaucoup les différents CD que nous avions acheté pour lui ou qui lui avaient été offerts, ne faisions  pas de cuisine ni de vaisselle tant qu'il dormait, et ne pouvions plus la faire ensuite car il nous monopolisait ... bref nous étions devenus esclaves de notre enfant et de nos angoisses. Nous nous isolions dans notre chaos, et je ne savais parfois plus du tout comment en sortir ; j'avais beaucoup de mal à croire les personnes qui me disaient que ça finirait par aller mieux, je ne pouvais pas penser à l'avenir, et encore moins imaginer qu'il y avait une issue à ce tunnel.


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  • Pourquoi avait-il l'air toujours si malheureux, pourquoi n'étais-je pas capable de comprendre sa souffrance ? Pourquoi ne pouvais-je rien faire pour lui ? Pourquoi refusait-il nos câlins, nos bras ? Pourquoi ?


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