• naissance

    La remise en mouvement s'accompagna très vite de la recrudescence des contractions, qui devinrent bientôt douloureuse. J'étais sur la plage, je profitais du soleil retrouvé et d'un après midi avec un couple d'amis et leurs enfants ; l'eau de la mer était encore fraiche de l'hiver tropical finissant, et je me sentais de nouveau vivante. Plusieurs fois cet après midi là je ressentis quelques contractions plus fortes, à peine douloureuse mais déjà différentes de ce que j'avais pu ressentir jusque là. Ce jour là rien de plus ne se passa. Ce n'est que le lendemain soir, après une petite toute petite chute sur les fesses car le tabouret sur lequel j'étais assise s'était fendu (à cause de mon poids ?), que les contractions s'accentuèrent.


    A 23 heures trente je me couchais pourtant car tout semblait être redevenu calme ; mais à peine au lit, j'ai senti une flaque d'eau en dessous de moi et j'ai réalisé que je venais de perdre les eaux et donc que l'accouchement serait imminent. Très calmement, malgré la petite appréhension qui me serrait la gorge, j'ai téléphoné à la maternité, pris une douche, et nous nous sommes mis en route. Nous partions chercher notre petit bonhomme. Nous quittions l'appartement à deux et nous y reviendrions à trois ; une page était en train de se tourner dans notre vie et j'en avais étrangement conscience à ce moment là.


    Tout ensuite fut assez rapide et long en même temps : l'arrivée à la maternité, l'examen de la sage-femme, on m'installa dans une chambre en me disant que le bébé n'arriverait sans doute pas avant le matin ... Mais j'avais mal moi, et des contractions toutes les minutes, le terme ne me semblait pas si loin ... Je patientais deux heures dans ma chambre, mon ami à mes cotés qui essayait de me rappeler les cours de préparation à l'accouchement pour me soulager, pour m'aider, pour être présent ... mais je n'en pouvais plus d'attendre et dès les premières contractions j'avais oublié ma résolution de ne pas demander de péridurale ... je la voulais tout de suite !!!! On me transféra en salle d'accouchement, et on m'injecta d'abord un anti douleur analogue de la morphine pour me soulager et pour aider mon col de l'utérus à s'ouvrir car malgré l'intensité des contractions il avait du mal !!! Le comble ! Je venais de passer quatre mois allongée car mon col s'ouvrait trop tôt et maintenant qu'il aurait du s'élargir rapidement il restait désespérément à peine entrouvert. L'anesthésiste vint me faire la péridurale une heure plus tard ce qui soulagea immédiatement le coté gauche de mon corps ... laissant le coté droit s'arranger des douleurs ! l'anesthésie ne fonctionnait que d'un coté et je passais donc les quatre heures suivantes à moitié douloureuse, à moitié euphorique car on tenta encore de me soulager avec le fameux protoxyde d'azote, gaz anesthésiant, amnésiant surtout et légèrement euphorisant également ! Je devais retenir les poussées car le bébé prêt à sortir essayait vainement de passer par mon col toujours fermé !  Retenir, retenir encore ... C'est peut être pire encore que pousser. Je n'en pouvais plus de retenir j'étais épuisée. Puis enfin on m'autorisa à pousser, alors je poussais, poussais de toutes mes faibles forces, mais n'en avait manifestement plus assez. Après une heure de poussée, le bébé restait coincé contre l'épine ilio-pubienne. 7 heures du matin, six heures seulement que j'étais là, je me jurais alors de ne plus jamais recommencer (il parait qu'on dit toutes ça !). Enfin le médecin fut appelé, enfin il m'aidât à faire sortir mon pauvre petit homme coincé à la lisière de mon corps, enfin il apparut grâce aux grosses pinces qu'on appelle forceps et qui me déchiraient de l'intérieur.  Tout d'un coup je ne ressentais plus rien, j'étais physiquement épuisée mais il n'y avait plus aucune douleur. Le bébé était là, il n'a passé que quelques secondes sur mon cœur avant qu'on me l'enlève très vite pour lui dégager le nez, le laver, et l'habiller. Pauvre petite être qu'on tire du ventre de sa mère pour le plonger dans l'eau inconnue d'une bassine, lui aspirer les glaires de son nez, et le couvrir de vêtements dont il ne connait pas encore l'usage. Je veux bien croire qu'une naissance soit traumatisante pour un enfant même si je n'ai pas de souvenir de la mienne. Il était là notre petit bonhomme, il était arrivé et après tout ce remue-ménage se reposait tranquillement sur mon sein.


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