• Alors a commencé une nouvelle vie, alitée, isolée, sans rien à voir avec la première partie de ma grossesse. J'habitais à l'époque à la réunion depuis une année. J'avais passé cette première année à travailler beaucoup et n'avais donc pas vraiment pris le temps de créer des liens amicaux. Je me trouvais donc seule, sans famille, sans amie pour me soutenir, seule avec mon ami qui travaillait toujours beaucoup et devait assumer tout : son emploi, la maison, la logistique, et me supporter moralement, ce qui n'était pas la partie la plus aisée de son travail. Il s'en est sorti avec force et douceur et m'a permis de passer ces mois entourée d'amour et de sécurité malgré nos incertitudes face à la nature que nous ne pouvions pas maitriser. Seule visite de la semaine : la sage-femme qui venait surveiller mon bébé et mes contractions. Elle était à la fois un petit rayon de soleil qui venait me divertir de mon petit monde enfermé, et le messie qui détient les mots qui font la pluie ou le beau temps. A chaque fois qu'elle me disait que rien n'avait changé ma journée restait ensoleillée, mais si par hasard une modification était survenue alors je replongeais dans une angoisse palpable. Garderais je ce bébé suffisamment longtemps en moi pour qu'il puisse être assez grand et fort pour affronter le monde extérieur ?


    J'ai été entouré d'amour par mon ami, mais également par ma famille qui de loin me soutenait ; maman a même fait le voyage pour passer 3 semaines avec moi ! Quel bonheur ce fut d'avoir de la compagnie et de pouvoir parler et pleurer en toute liberté, partager ces  instants difficiles avec les gens les plus proches. Tout était fait pour me soulager au maximum et je suis reconnaissante à tous d'avoir été là.


    Finalement les semaines et les mois ont passé, avec des périodes d'angoisses et des périodes plus sereines, et nous sommes entrés dans la dernière phase de la grossesse : 37 semaines d'aménorrhées, mon bébé était devenu grand et fort, d'ailleurs il bougeait beaucoup et déformait mon ventre comme si un « alien » s'était introduit en moi. Je voyais maintenant ses coudes, ses pieds pousser la peau tendue de mon ventre ; j'en étais même parfois effrayée mais surtout attendrie. Nous avions passé le cap difficile, il pouvait maintenant venir au monde et toute sécurité. J'ai donc eu l'autorisation de me lever de nouveau et sortir un peu avant d'accoucher. C'était un soulagement de revoir le monde extérieur, d'autant que nous habitions à 100 mètres de la plage ... Malheureusement mon repos forcé avait eu raison de mes maigres muscles et mon amyotrophie associée au poids de mon ventre ne me permettait plus de marcher très longtemps. Je du prendre la voiture pour atteindre la plage les premières fois, puis reprenant quelques forces je pu me lancer à pieds en prenant le temps.


    Je me sentais rassérénée, soulagée, et plus légère que depuis bien des mois, une éternité me semblait il. De nouveau heureuse et sereine.


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  • Je ne sais pas bien ce qu'est un blog, je n'en ai jamais lu jusqu'à maintenant. Le mien n'en est pas tout à fait un car je ne l'écris pas au jour le jour. Cela pour deux raisons : la première étant qu'à l'époque des faits que je veux relater ici je n'avais pas de connexion internet à disposition, et ne connaissais pas les « blog » ; la deuxième un manque de temps et d'énergie découlant directement de mon histoire.

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    Pourtant j'ai besoin d'écrire la souffrance de cette année là, encore récente, pour l'exorciser probablement, pour la partager surtout .... Car, si j'avais su, tout cela aurait alors certainement été plus acceptable, plus facile, plus gérable ....

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    Mais comme toutes les femmes de ma génération (j'ai 34 ans maintenant) je voulais un enfant, à tout prix, parce que c'est la chose la plus naturelle et la plus belle que la nature puisse nous offrir, parce qu'un enfant c'est le bonheur incarné, parce qu'un enfant c'est l'accomplissement de l'amour entre deux personnes.

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    Mon ami, lui, me disait qu'il n'en voulait pas. Alors ça a été lui ou le bébé. Il a choisi de se lancer dans l'aventure bébé, puisqu'il n'avait plus vraiment le choix.

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    Je suis tombée enceinte très vite. Et les doutes ont commencé à m'assaillir.


    Ne lui avais je pas trop forcé la main ? Serais-je capable d'assumer ce bébé et de le rendre heureux ? Serais je heureuse moi-même ? Et s'il avait eu raison ? Si je n'étais pas faite pour ça ?

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    Les jours ont passé avec leur lot de malaises et de fatigue. Les doutes se sont estompés sous le regard doux et tendre de l'homme de ma vie, qui, j'en étais sure au fond de moi, ferait un excellent père ... Mais ferais je une bonne mère ?

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    Ce n'est que le jour de la première échographie que j'ai vraiment réalisé qu'un petit être de sexe encore indéfini poussait en moi. Il ne faisait que quelques millimètres mais avait déjà la forme d'un bébé, et je voyais son cœur se contracter, et ses petites jambes battre à mesure. Le miracle de la science me permettait d'assister en direct à un instant de vie de mon bébé, dans mon propre ventre. Sensation d'étrangeté que de voir en soi, et sensation en même temps d'évoluer en terrain connu et partagé. J'ai senti à cet instant là une pointe de bonheur tout au creux de moi.

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    Puis les jours ont passé encore sans trop d'inquiétude, sans question, sans attente ... car le temps de la grossesse devait encore être long et les petits maux de début de grossesse ayant disparu peu de chose me rappelaient mon état, ne serait-ce qu'un petit ventre bedonnant pas encore vraiment visible.

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    Cinquième mois de grossesse, deuxième échographie. C'est à ce moment là que j'ai appris que j'attendais un petit garçon ... le bonheur était complet puisque j'avais une petite préférence pour le garçon ; moi qui avait toujours rêvé d'avoir un grand frère (je suis l'ainée de la famille) je donnerais un grand frère à mes enfants à venir. Mon ventre était déjà plus conséquent, et depuis quelques jours je pouvais sentir mon petit bonhomme en moi comme s'il faisait éclater des bulles dans mon ventre. Joyeux luron avec ça !


    Mon ami s'étant fait à l'idée d'être père m'entourait de milles prévenances et communiquait déjà avec son petit homme par chansons interposées et multiples caresses. Le bonheur semblait parfait et pourtant il se montra si fragile et si court ...

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    Alors que nous naviguions sur notre petit nuage rose, la nature nous a soudain rappelé à l'ordre : Dès la fin du cinquième mois, brutalement, sans prévenir, d'un jour à l'autre, j'ai ressenti des contractions peu intenses mais si fréquentes que la panique m'a envahie immédiatement. Je suis médecin, je sais à quoi m'en tenir. Je savais que des contractions pouvaient survenir dès le milieu de grossesse sans conséquence mais elles ne devaient pas être trop fréquente sinon elles relevaient du domaine pathologique. J'avais beau me raisonner- puisqu'elles ne me faisaient pas mal c'est qu'elles ne pouvaient pas être efficaces et donc ne menaçaient pas mon bébé- à chaque nouveau serrement de mon ventre mon cœur se serrait avec lui et l'angoisse était un peu plus forte.


    Ce fut alors le tourbillon des appels téléphoniques aussi inhumains qu'inacceptables, l'hospitalisation via les urgences, les examens répétés, puis les médicaments, en perfusion puis par voie orale, tous aussi inefficaces les uns que les autres, les diagnostics et contre diagnostics, l'incertitude, la peur de perdre ce bébé, l'incompréhension du milieu médical face à mes angoisses ... Une menace d'accouchement prématuré en termes médicaux pour aboutir à une seule solution devant l'inefficacité des traitements et heureusement des contractions aussi fréquentes que pour l'heure sans conséquence : rester couchée jusqu'à la fin de la grossesse (encore quatre mois) pour faire diminuer le nombre de contractions et éviter que le bébé appuie sur le col de mon utérus et ne le fasse s'ouvrir avant l'heure.


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