• Je me souviens avec angoisse de ses réveils en hurlant, jamais de gazouillis, jamais de sourires au réveil, toujours des cris, comme si un cauchemar le réveillait.


    Nous passions souvent une heure ou plus à essayer de l'endormir, et il ne dormait finalement que 35-40 minutes et se réveillait en hurlant. Il nous fallait encore une heure pour le calmer.... Et ainsi le temps passait et ses cris rythmaient notre journée.

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  • C'était un enfant éveillé qui demandait toujours plus, voulait toujours voir de nouvelles choses, et ne se calmait que lorsque nous le promenions en lui montrant des photos, la nature ... en lui parlant sans cesse, et sans s'assoir surtout ! Il nous gratifia très vite des grands sourires, et même d'éclats de rire quand je lui imitais des cris d'animaux, alors qu'il avait tout juste trois mois.


    Cette première communication bien que sommaire fut à l'origine de nos premiers rapports d'amour. Il avait trois mois quand j'ai commencé à l'aimer. Trois mois pour que se construise les bases de notre amour qui ne nous était pas tombé du ciel dès la naissance comme on l'attendait.


    Il pleurait toujours beaucoup, dormait toujours aussi mal, et avait déjà usé notre patience depuis longtemps, mais lorsqu'un sourire effleurait ses lèvres en nous regardant, ou que ses éclats de rire résonnaient à nos oreilles alors mon cœur recevait des signaux d'amour et s'emballait.


    Nous l'avions surnommé Jean qui rit, Jean qui pleure. Il riait aussi fort qu'il pleurait, aux éclats, à s'en étouffer. Il n'y avait jamais de juste milieu. C'était tout ou rien. Que du bonheur ou que des larmes, pour lui comme pour nous.


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  • Certains jours je revis encore ce cauchemar. Certains jours, malgré ses deux ans et la communication que nous avons, il passe encore des heures à pleurer, pleurnicher, mais il ne hurle plus comme bébé ou très rarement ; parfois aussi sans que nous comprenions pourquoi il nous fait passer des nuits infernales ou il faut se lever cinq, six fois ... mais il se rendort maintenant assez facilement ce qui n'était pas le cas bébé.


    Les nuits comme les jours étaient régulièrement un enfer : il fonctionnait par cycle mais rien ne pouvait nous laisser imaginer par avance comment allait se passer la nuit : ni la lune, ni le temps orageux, ni les poussées dentaires ou les petits rhumes, rien ne semblait être à l'origine d'une bonne ou d'une mauvaise nuit. Il commençait parfois à se réveiller deux heures après qu'on l'ait couché, il se rendormait alors assez vite avec un doudou ou une tétine que nous glissions subrepticement dans son lit (oui il a finit par y dormir dans son lit, à peu près à l'âge d'un mois) ; plus la nuit avançait, plus les réveils étaient fréquent, jusqu'à toutes les demi-heures, et plus il était difficile de le rendormir. Nous passions parfois une heure à le bercer, recevant des coups de pieds et de poings pendant qu'il hurlait aussi fort dans nos bras que dans son lit. Nous savions qu'une chose pouvait le rendormir : un biberon de lait ... Mais forts de nos bons principes, nous ne cédions pas à cela, heureusement peut-être, ou malheureusement car nous aurions peut être passé de meilleures nuits ... Il finissait par se rendormir épuisé de ses cris, mais se réveillait de nouveau une demi-heure, une heure plus tard et nous recommencions ... Ceci à durer des mois, jusqu'à ses dix-onze mois, mais par intermittence heureusement. Un mois il dormait à peu près bien, nous réveillant seulement une ou deux fois dans la nuit, le mois suivant c'était toutes les heures ... Nous avions du mal à suivre le rythme, fatigués quand les nuits étaient mauvaises, mais parfois incapables de dormir quand les nuits redevenaient meilleures, notre corps étant habitué aux réveils multiples. Nous étions donc épuisés en permanence. Les siestes n'existant toujours quasiment pas, nous ne pouvions même pas récupérer en journée.


    Il a pourtant fait sa première nuit entière à tout juste deux mois ! C'était le soir du réveillon, les pétards fusaient de tout cotés, et le bébé était dans la voiture au bord de la plage pendant que j'étais venue souhaiter la bonne année aux amis et à la famille venus nous rejoindre en force à cette occasion. Il y a dormi paisiblement, ne s'est pas réveillé quand je l'ai remis dans son lit et à ma grande surprise a dormi jusqu'au lendemain matin sans réveil !! C'était son cadeau de bonne année ! Pendant une semaine il a fait de même puis a repris un rythme agité la semaine suivante ... etc ...


    Les journées étaient toujours fatigantes. Il ne voulait pas dormir, refusait toute sieste et ne finissait par s'endormir que d'épuisement, lorsqu'il ne pouvait plus lutter, et parce que nous le bercions des heures durant, toujours dans son transat pour les siestes. Nous savions là aussi que si nous le promenions, en kangourou, en poussette, ou en voiture, il dormirait aisément ... mais une fois de plus nous ne voulions pas céder aux mauvaises habitudes ! à notre détriment peut-être !


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  • Il avait à peine un mois quand sa grand-mère, ma mère, est finalement venue à mon secours, à notre secours. Elle avait depuis longtemps perçu ma détresse et après maintes hésitations, car elle ne voulait pas non plus s'immiscer dans notre vie, elle nous avait proposé son aide .... J'ai saisi la bouée de sauvetage qu'elle me tendait car je savais que j'étais à bout, que notre équilibre était rompu, et qu'il aurait fallu peu de chose pour que je bascule dans le vide.


    Sans lait ou presque malgré mes tentatives douloureuses de le tirer au tire-lait électrique j'avais décidé contre l'avis du pédiatre de tenter le lait maternisé en poudre ... Au premier biberon le bébé se jeta avec une telle voracité sur cette nouvelle tétine que tous mes doutes s'envolèrent : cette fois ci en tout cas j'avais pris la bonne décision .... Alors avec espoir je me pris à croire que c'est de faim qu'il criait auparavant toute la journée ... Il se calma effectivement un tout petit peu, mangea de plus en plus, dormit toujours aussi peu et pleura encore beaucoup beaucoup ... Mais je n'étais plus seule ! Je pus grâce à la présence de ma maman m'éclipser quelques heures dans la journée pour faire quelque chose pour moi : je pris rendez vous chez un acupuncture, chez une kiné également qui me massait pour m'aider à dénouer tous les nœuds et conflits qui s'étaient inscrits dans mon dos, parfois j'allais seulement me reposer sur la plage. Elle me relaya la nuit pour donner le biberon au bébé, ce qui me permit de dormir un peu plus. Je me couchais à 20 heures, tout de suite après lui, elle lui donnait le biberon de 23 heures, et je ne m'en occupais plus qu'à partir de deux heures du matin ... Partie certes la plus difficile, mais j'étais maintenant un peu plus reposée et donc un peu plus patiente ... Mais toujours aussi terrorisée par ces pleurs inconsolables qui le secouaient tout au long de cette fin de nuit et ensuite une grande partie de la journée. J'avais lu que certains bébés sont dans cet état de pleurs incontrôlés et inconsolables en fin de journée surtout, le baby-blues disaient ils ... c'était exactement ça ! Mon bébé avait le baby-blues mais il l'avait toute la journée ... J'étais incapable de le consoler mais m'aperçu que ma mère l'était tout autant. Il se réveillait la nuit en hurlant et quand nous voulions le prendre dans nos bras il se débattait, nous repoussait ; il refusait notre présence, il a toujours refusé notre lit car nous avons aussi essayé de le prendre avec nous quand nous n'arrivions à rien. Il pleurait, hurlait, n'était mieux ni dans le noir, ni à la lumière, se débattait dans nos bras, refusait les câlins et baisers, rien n'y faisait ... que ce soit moi, mon ami, ou ma maman, voir une amie de passage, aucun bras ne parvenait à le détendre.


    Malgré tout plus reposée, un peu plus à l'écoute de mon corps et de mon cœur, et devant les premiers sourires-réponses de mon bébé qui n'avait qu'un mois et était un bébé mignon et très attachant apparemment pour ceux qui le rencontraient, je commençais à sentir une petite pointe d'un petit quelque chose au fond de moi qui aurait pu ressembler à un commencement d'amour. Ce n'était encore qu'un attendrissement devant ses sourires, mais c'était mieux que le néant précédent.


    J'étais un peu moins fatiguée, et un peu plus cohérente qu'avant (car la fatigue m'a amené à penser beaucoup de choses qui n'étaient pas réelles : mon incompétence maternelle, ma culpabilité, mes envies de morts ... étaient liées à la fatigue autant qu'à la dépression) ; je me rendais compte que je n'étais pas seule en difficulté face à ce petit bout d'homme, et que donc ma compétence n'était pas engagée ; J'allais mieux, j'étais beaucoup moins stressée et pourtant mon bébé dormait toujours aussi mal, aussi peu, et pleurait toujours autant ou presque mais seul l'âge avançant était responsable de cette très légère amélioration.


    Mon dernier espoir était l'ostéopathe. On m'avait dit que les ostéopathes pouvaient beaucoup pour les bébés ... J'en ai vu un et le résultat fut probant : mon enfant a hurlé pendant la consultation et après, il a continué d'être aussi stressé par la suite. Même résultat avec l'homéopathie. J'ai essayé tout ce que j'ai pu. Même l'acupuncture car mon acupuncteur me l'avait proposé. Rien, aucun résultat, aucun changement. Mais moi je remontais doucement la pente grâce à la présence de ma maman et de mon amie, grâce aussi aux rencontres que j'ai faites à cette période là en promenant mon bébé tous les jours dans les mêmes coins ; je rencontrais d'autres maman en promenade et me fis quelques amies, et confidentes dont la présence et le soutien fut également un énorme soulagement. J'allais moralement et physiquement de mieux en mieux, le bébé lui stagnait dans ses comportements incompréhensibles.


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  • Il avait trois semaines. Je n'avais plus de lait, et toujours pas d'amour. Je posais pour les photos, et me sentais vide à l'intérieur. Ma maman avait bien senti ma détresse derrière les sourires des images, et à elle je ne cachais rien de ma détresse par téléphone. Elle était si loin, tout le monde était si loin.


    J'ai vécu ces trois semaines comme une seule nuit de cauchemar. Le temps était suspendu, arrêté comme dans un rêve dont on n'arriverait pas à sortir, dont on ne se réveillerait pas. Le temps était à la fois long, très long, et immuable. J'en avais perdu toute notion.

    Je n'étais pas une bonne mère. Je n'étais plus rien.

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